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Evaluation de l'effet de spécialités fongicides sur la
contamination des grains de céréales par les Fusarium spp.
et les mycotoxines associées en conditions naturelles
R. Ioos(1), A. Belhadj(1), M. Menez(1), S. Rose(1) et A. Faure(2)
(1) LNPV - Unité de Mycologie Agricole et Forestière, Domaine
de Pixérécourt, 54220 Malzéville
(2) SRPV, Plaine de Mayrevielle, 11000 Carcassonne
La maladie de la fusariose des épis des céréales
peut provoquer des pertes de rendements considérables. En Europe,
les principaux agents de la fusariose sont des champignons du genre Fusarium
et Microdochium nivale. Parmi la douzaine d'espèces de Fusarium
fréquemment isolées des grains, certaines d'entre elles
sont potentiellement productrices de mycotoxines. Ces contaminants naturels
présentent un risque sérieux en matière de sécurité
alimentaire car étant stables chimiquement et thermiquement, on
les retrouve le long de la chaîne de transformation agroalimentaire
pour contaminer aussi bien les denrées brutes que les produits
finis.
Parmi les moyens de lutte contre cette maladie dont la sévérité
est très fortement conditionnée par les conditions climatiques
autour de la floraison et la persistance de l'inoculum primaire, l'application
de fongicides a souvent été présentée comme
une solution intéressante. Toutefois, les travaux démontrant
un effet favorable ou défavorable de l'application de fongicide
sur la contamination des grains par les mycotoxines s'appuient en très
grande majorité sur des dispositifs expérimentaux recourant
à l'inoculation artificielle par quelques espèces de Fusarium,
voire par une seule.
Depuis l'année 2000, les Services de la Protection des Végétaux
ont mis en place un plan national pluri-annuel d'évaluation de
l'effet de l'application de spécialités fongicides autorisées
sur la maladie de la fusariose et sur la concentration des mycotoxines
à la récolte en conditions de contamination naturelle (20
à 30 essais par an).
Le bilan de trois années d'étude a tout d'abord permis de
dresser un inventaire représentatif de la présence et de
la fréquence des différentes espèces de Fusarium
naturellement présentes en France.
Par ailleurs, nous avons pu constater que seule la présence de
F. graminearum et F. culmorum, qui ne sont pas les espèces les
plus fréquentes sur grains, est associée à la contamination
des grains par les trichothécènes (majoritairement le DON
et le NIV).
Enfin, bien que l'effet de certaines applications de fongicides soit statistiquement
significatif chaque année sur la contamination des grains par les
agents de la fusariose, il est rarement statistiquement significatif sur
la contamination des grains par les trichothécènes majeurs,
et ceci de façon non reproductible d'une année sur l'autre.
Les résultats obtenus en conditions naturelles sont beaucoup plus
nuancés que les résultats obtenus par contamination artificielle
décrits dans la littérature. Les différentes explications
sont présentées.
Les stratégies de lutte contre la contamination des grains par
les trichothécènes doivent ainsi prendre en compte la complexité
de la mycoflore naturelle en Fusarium spp. et M. nivale existant au niveau
d'une même parcelle. Ces stratégies ne peuvent, pas se limiter,
au regard des résultats obtenus, à une application systématique
de fongicides, mais doivent chercher à réduire le plus possible
les facteurs de risques (précédent cultural sensible, non
labour, variété peu tolérante notamment).
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