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Enjeux de la problématique " mycotoxines ", aspects
toxicologiques et réglementaires
P. Galtier
INRA UR66 Laboratoire de Pharmacologie-Toxicologie, 180, Chemin de Tournefeuille,
BP3, 31931 Toulouse, France
Les mycotoxines sont des produits du métabolisme secondaire des
moisissures exerçant un pouvoir toxique réel pour le consommateur
animal ou humain. Généralement produites sur le matériel
végétal, ces toxines exercent leur pouvoir délétère
de façon directe après absorption de végétaux
contaminés ou de façon indirecte par la consommation de
produits animaux (viandes, abats, lait, ufs) recelant des résidus
de toxines ou de métabolites dangereux.
L'évaluation expérimentale des dangers repose sur la détermination
des doses provoquant l'apparition de symptômes d'intoxication et
des effets exercés sur les grandes fonctions biologiques et leurs
régulations. La toxicité aiguë permet de relativiser
les doses effectivement toxiques chez une espèce animale, après
une administration orale unique de toxine pure. En complément,
la toxicité chronique informe davantage sur les propriétés
les plus délétères telles que la carcinogénicité,
l'immunotoxicité ou les effets sur la reproduction et le développement
des individus. Dans ce sens, la connaissance scientifique est réelle
pour les aflatoxines B1, l'ochratoxine A, la zéaralénone,
les trichothécènes et plus récemment la fumonisine
B1.
Le danger constitué par le transfert des mycotoxines, depuis l'alimentation
animale jusqu'aux produits animaux soumis à l'alimentation humaine
ou introduits dans la transformation, est abordé au plan expérimental
par la prise en compte toxicocinétique des mycotoxines chez les
espèces d'élevage : porc, ruminants, volailles et éventuellement
poissons. Le métabolisme de ces toxines notamment dans le foie
conduit à des produits de biotransformation dont la toxicité
peut s'avérer supérieure à celle de la toxine de
départ, c'est le cas de l'aflatoxine B1 ou de la zéaralénone.
Les flores microbiennes (ruminales et intestinales) exercent un réel
pouvoir de détoxification, de même qu'il existe de fortes
différences interspécifiques dans l'aptitude des organismes
à bioactiver les mycotoxines. Concernant l'occurrence possible
de résidus mycotoxiques dans les produits animaux, l'aflatoxine
B1 et son dérivé M1 paraissent les plus préoccupants
dans le foie et le lait, respectivement.
Après avoir identifié les dangers, il convient de déterminer
chez l'animal d'expérimentation, les doses sans effet observé.
La transposition à l'homme s'effectue par l'application d'un coefficient
de sécurité incluant des facteurs destinés à
tenir compte de la variabilité de sensibilité interindividuelle,
des différences interspécifiques et de l'existence d'effets
irréversibles avérés comme les dangers cancérogènes,
mutagènes ou tératogènes. La dose journalière
acceptable ainsi calculée est ensuite combinée à
la consommation quotidienne de denrée suspectée (céréale,
lait, viande, abat, jus de fruits,..) en vue d'estimer les tolérances
ou concentrations maximales admissibles dans ladite denrée.
Quelques exemples de calculs sont présentés concernant les
céréales pour l'aflatoxine B1, l'ochratoxine A, la zéaralénone
et la fumonisine B1. Enfin, la gestion du risque consiste à s'interroger
sur l'adéquation entre le niveau de contamination en mycotoxine
dans l'aliment et les tolérances ou les seuils préconisés
par les instances réglementaires ou sanitaires. Face à un
dépassement, des palliatifs doivent être mis en place afin
de mettre en coïncidence ces valeurs en vue d'assurer la meilleure
qualité hygiénique de l'alimentation humaine et animale.
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