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Résumés des posters - Thème : Résistance
des Plantes aux Champignons
Poster N° 1
Analyse génétique de la résistance à l'oïdium
chez le génotype de melon 'PI 124112'
Marc Bardin(1), Laure Perchepied(2), Catherine Dogimont(2), Philippe
Nicot(1), Michel Pitrat(2)
INRA, Centre de Recherche d'Avignon (1) Station de Pathologie Végétale
et (2) Unité de Génétique et d'Amélioration
des Fruits et Légumes, B.P. 94, 84143 MONTFAVET Cedex.
L'oïdium est une des maladies les plus fréquentes sur melon.
Les principaux agents responsables sont Sphaerotheca fuliginea et Erysiphe
cichoracearum. Pour répondre à la forte demande des producteurs,
de nombreuses variétés résistantes ont été
créées par les sélectionneurs, mais la stabilité
de ces résistances face à la variabilité du champignon
est mal maîtrisée. En effet, S. fuliginea et E. cichoracearum
diffèrent dans leur virulence vis à vis de variétés
de melon, et dès 1938, des races ont été décrites.
Certaines races nouvellement identifiées sont capables de surmonter
des gènes de résistance fréquemment utilisés
en sélection. Dans ce contexte, un programme visant à construire
des résistances à l'oïdium qui soient plus stables
et durables dans le temps s'est mis en place. Un des objectifs de ce programme
est d'étudier le déterminisme génétique de
la résistance à l'oïdium dans des géniteurs
d'intérêt et de cartographier ces gènes pour la création
d'outils d'aide à la sélection (marqueurs).
Afin d'élucider le déterminisme génétique
de la résistance de 'PI 124112' (génotype résistant
à l'ensemble des espèces et races d'oïdium connues),
un ensemble de 124 lignées homozygotes a été produit
par la technique de 'descendance par simple graine' après un croisement
avec le génotype sensible 'Védrantais'. Des disques de feuilles
prélevés sur ces lignées sont inoculés par
soufflage de spores des races 1, 2 et 5 de S. fuliginea et de la race
1 de E. cichoracearum. La dose d'inoculum est ajustée à
une valeur moyenne comprise entre 500 et 1500 spores/cm2 après
estimation par comptage sur une cellule de Mallassez placé au pied
de la tour d'inoculation. Les boites sont incubées dans une chambre
de culture (14h de jour à 22°C et 10h de nuit à 18°C).
Les symptômes sont évalués séparément
pour chaque disque selon l'échelle de notation allant de 0 = pas
de sporulation à 9 = 100% de la surface du disque couvert par l'oïdium.
L'évaluation est réalisée à 7, 10 et 14 jours
après inoculation. Trois plantes par lignée et quatre disques
par plante ont été testés par répétition
et le test a été réalisé trois fois pour les
lignées 1 à 25 et 2 fois pour les lignées 26 à
124. Pour l'analyse, les données exprimées en pourcentage
de surface couverte par l'oïdium sont transformées en indice
d'attaque: Id = 100 x [% de surface couverte sur la lignée testée
/ % de surface couverte sur 'Védrantais'].
L'analyse de la F1 'Védrantais x PI 124112' suggère une
dominance de la résistance pour l'ensemble des races de S. fuliginea
(Id < 30%). Le comportement de la F1 vis à vis de E. cichoracearum
race 1 suggère une dominance incomplète (Id = 50%). La distribution
des lignées selon leur niveau de sensibilité à l'oïdium
suggère que la résistance obéit à un déterminisme
relativement simple. Ainsi, l'analyse des ségrégations des
lignées indique que la résistance aux races 1 et 2 de S.
fuliginea est contrôlée par deux gènes de résistance
alors que la résistance à S. fuliginea race 5 est contrôlée
par un seul gène. La résistance à E. cichoracearum
semble obéir à un déterminisme génétique
plus complexe. Une analyse préliminaire indique que ces gènes
sont organisés en cluster. Une carte génétique du
croisement est en cours de construction et permettra de situer la région
entourant ce cluster de gènes sur le génome. La recherche
de marqueurs liés au gène majeur dominant gouvernant la
résistance à la race 5 de S. fuliginea est envisagée
et ces travaux devraient aboutir à la fourniture de marqueurs du
gène aux sélectionneurs.
Poster N° 2
Action du fosétyl d'aluminium sur la stimulation des défenses
naturelles de la vigne
Alexandra Bonomelli, Jérôme Franchel, Laurence Mercier,
Marie-Claude Mauro, Michel Boulay
Laboratoire de recherche Moët & Chandon, 6 rue Croix de Bussy,
51 200 Epernay
(abonomel@moet.tm.fr)
Introduit en Europe au cours de la seconde moitié du 19ème
siècle, le mildiou (Plasmopara viticola) sévit actuellement
dans presque tous les vignobles du monde et constitue un problème
majeur en viticulture. Le but de ce travail est d'augmenter la tolérance
au mildiou du cépage Chardonnay afin de diminuer l'utilisation
de fongicides au vignoble. Cet objectif entre dans le cadre de la mise
en place de la viticulture raisonnée en Champagne. Pour cela, une
approche basée sur l'activation des défenses naturelles
de la vigne au moyen de substances élicitrices a été
entreprise.
Notre étude a porté sur le fosétyl-Al ou aluminium
tris-O-éthyl phosphonate. Alors qu'il est utilisé au vignoble
en association avec divers fongicides de contact depuis plus de 25 ans
pour lutter contre le mildiou, aucun phénomène de résistance
ni de perte d'efficacité du produit n'a été signalé
à ce jour. Il est de plus très rapidement dégradé
dans les sols et dans la plante. Son mode d'action, très étudié
dans les années 80, reste encore controversé : il agirait
de manière directe contre les Oomycètes de part sa toxicité,
et/ou de manière indirecte par stimulation des défenses
de la plante. Les études sur la vigne réalisées jusqu'à
maintenant portaient essentiellement sur les composés phénoliques
et les phytoalexines. Les connaissances actuelles sur les mécanismes
de défenses de la vigne et les outils disponibles nous ont conduit
à chercher à identifier plus précisément les
réactions de défenses induites par le fosétyl-Al.
Nous avons voulu vérifier si le fosétyl-Al seul pouvait
induire des défenses ou si, associé à un stress,
il permettait une potentialisation des défenses. Ces études
ont été abordées du point de vue biochimique (activités
enzymatiques, HPLC) et moléculaire (RT-PCR quantitative en temps
réel). Enfin, des tests de protection contre le mildiou et des
observations microscopiques ont été effectués. Ces
études ont été menées en parallèle
sur un cépage de Vitis vinifera sensible au mildou (cv. Chardonnay)
et sur un cépage tolérant de Vitis rupestris (cv. Rupestris
du Lot).
Chez V. rupestris, une concentration importante en tannins catéchiques
est détectée au niveau des feuilles saines. Après
infection, on observe un faible développement des sporangiophores
chez V. rupestris et une sporulation abondante chez le Chardonnay. Des
protéines PR s'accumulent chez les deux cépages, ainsi que
du resvératrol (principale phytoalexine de la vigne) chez le cépage
tolérant, mais de manière beaucoup plus faible que suite
à une exposition aux UV. La pulvérisation d'Alietteâ
(produit formulé contenant 80% de fosétyl-Al) entraîne
une forte réduction de la fréquence et de l'intensité
de sporulation de P. viticola sur les feuilles de Chardonnay, accompagnée
de l'apparition d'une réaction de type HR-like. Des anneaux de
fluorescence bleu vif (probablement dûs au resvératrol) sont
alors observés en lumière UV autour des stomates, lieux
de pénétration de P. viticola. Chez les deux cépages,
l'Alietteâ seul permet d'induire des réactions de défense
(protéines PR, resvératrol) de manière faible mais
significative. Appliqué en combinaison avec un autre stress, il
permet de potentialiser certaines défenses.
Ce travail nous a permis d'avoir une image globale des effets du fosétyl-Al
sur la vigne et servira de référence pour étudier
d'autres éliciteurs potentiels.
Poster N° 3
Setting up a resistance test to Alternaria dauci of carrot by inoculation
in the open field, as part of registering varieties in the National French
Catalogue of Vegetable Species
Cadot Valérie (1), Boulineau François (1), Guénard
Michel (2), Olivier Valérie (2), Molinero- Demilly Valérie
(2)
GEVES Brion (1), Domaine de la Boisselière 49250 Brion, SNES (2)
Rue Georges Morel, 49071 Beaucouzé Cedex
In order to reduce the use of pesticides on vegetables and to avoid problems
of residues, breeders research more and more genetic resistant varieties
to diseases. In the carrot, new varieties, tolerant to Alternaria dauci
(Kühn) Groves & Skolko, causal agent of leaf blight, a widespread
and very damaging disease, have been developed. Up to now, two different
types of tests have been carried out : the first by natural infection
in the field and the second by artificial infection in control conditions.
But no test in the field, by artificial infection on leaves, have been
yet developed. However, this type of test enables controlling inoculum
and obtaining a real response to the disease, contrary to artificial tests
in a greenhouse. This is why the GEVES*, the organisation responsible
for registering new varieties to the National and European catalogues,
decided to set up a resistance test to Alternaria dauci by inoculation
in the open field, with two main aims :
- verify the breeder's declaration of resistance,
- introduce officially this disease resistance like a new character of
distinction.
During four years, from 1997 to 2000, the susceptibility of 13 carrot
cultivars to infection by Alternaria dauci was evaluated in field trials,
in GEVES of Brion, with a spraying inoculation method . A specific field
plot design has to be conceived to enable an uniform repartition of the
fungus. Inoculum production, with different isolates from seeds, was prepared
by the SNES (National Seed Testing Station).
Two inoculations were performed by spraying a suspension of spores on
foliage : the first at the stage 5-6 leaves and the second two weeks later.
The period of sowing and inoculation were also experimented, with a delayed
sowing in 1998 compared to 1997,1999 and 2000. Likewise, 3 notations,
based on visual notations of leaf blight, were tested.
During these 4 years of experimentation, the artificial infection provoked
symptoms of leaf blight. However, the comparison of results show a more
severe and earlier attack in 1997, 1999 and 2000, with a start at the
end of August than in 1998, beginning in october. This weaker attack in
1998 could be explained by a later sowing and inoculations one month later,
leading to show that inoculations must not be made too late in summer
because moisture is necessary for the development of the disease. Nethertheless,
the analysis of variance pointed out significant statistical differences
between varieties and enabled to define 3 classes of resistance :
- the susceptible class with as reference cultivar : PRESTO.
- the intermediary class with as references : NEMO.
- The tolerant class with as references : BOLERO.
The Kendall correlation test performed on these four years showed a good
stability of response for the susceptible and tolerant classes but less
for the intermediary class.
About notations, it is important to do it at least 2 times, to follow
the evolution and verify the correlation. The optimal period is about
5-7 weeks after the second inoculation. An earlier notation 3 weeks after
inoculation is not always statistically significative. And in contrast,
some problems can appear if the notation is too late in relation with
new leaves growth.
Since 2000, this test of resistance has been used like official methodology
for the study of new applicants to the Catalogue. BOLERO tolerance has
not been overcame by the new cultivars.
* GEVES : Group for Testing and Control of Varieties and Seeds
Poster N° 4
Résistance à Bremia lactucae chez la laitue
Brigitte Maisonneuve
INRA - Unité de Génétique et d'Amélioration
des Fruits et Légumes. Domaine Saint Maurice. BP94. 84143 Montfavet
cedex
Bremia lactucae Regel est un Oomycète, parasite obligatoire qui
se développe dans les zones de cultures de laitues de toutes les
régions tempérées. Ce mildiou constitue l'une des
principales menaces dans les cultures de laitue : développement
rapide de la maladie, absence de traitement curatif très efficace,
dégâts sur l'organe consommé dépréciant
la récolte et même destruction de la culture. Pour répondre
à la demande du consommateur, qui exige un produit sain et sans
résidus, il faut diminuer au maximum les traitements préventifs
; par conséquent, la résistance génétique
est le meilleur moyen de lutte contre ce champignon.
Depuis les années 1960, les sélectionneurs ont utilisé
des gènes de résistance identifiés chez la laitue
puis chez l'espèce apparentée L. serriola. Ces gènes
Dm interagissent avec les facteurs de virulence du champignon selon une
réaction gène pour gène. Les plantes résistantes
ne présentent aucune sporulation après inoculation des cotylédons
en tests artificiels. Treize gènes Dm ont été localisés
sur 4 clusters du génome de la laitue. Au fur et à mesure
de la culture des variétés résistantes, de nouvelles
souches contournant ces résistances sont apparues ; mais aucune
souche ne contourne tous les gènes de Dm1 à Dm18. Les souches
les plus virulentes possèdent 12 à 13 facteurs dont certains
contournent des résistances non utilisés dans les variétés
commerciales. Par conséquent, le champignon semble pouvoir cumuler
et garder ces gènes de virulence sans un trop grand coût
et sans pression de sélection.
Les sélectionneurs ont recherché d'autres types de résistance
que celles conférées par les gènes Dm1 à Dm18,
plus quantitatives, dans l'espoir d'obtenir une stabilité de la
résistance. Ainsi, l'espèce L. saligna a fourni R36 qui
a un large spectre de résistance (BL1 à BL20 + BL22-BL23)
et présente souvent, après inoculation artificielle, un
jaunissement des cotylédons de quelques plantes avec une faible
sporulation tardive. Mais, en Italie, une souche contournant cette résistance
(BL21) est apparue assez rapidement. Ainsi toutes les résistances
utilisées dans les variétés commerciales ont été
contournées dans une région de culture en Europe. A l'INRA,
nous travaillons sur des résistances identifiées dans plusieurs
espèces de Lactuca et introgressées dans la laitue. Des
résistances, issues de L. serriola et non encore utilisées
dans les variétés commerciales, semblent déjà
contournées par une souche. Nos résistances issues de L.
saligna ont le même spectre d'efficacité que celles utilisées
dans des variétés commerciales à partir de cette
espèce. Mais nous disposons de résistances issues de 2 génotypes
de L. virosa non contournées par le champignon. Ces résistances
peuvent-elles être plus durables et comment les utiliser au mieux
pour freiner le développement de souches virulentes ?
Une connaissance de la stratégie du champignon pour cumuler les
facteurs de virulence permettrait de choisir les combinaisons de résistance
de stabilité maximale. Mais ces études demandent un investissement
non disponible à l'INRA (pas de pathologiste).
Si nos études au niveau cellulaire confirment un mode d'action
différent entre les résistances issues de L. saligna et
celles issues de L. virosa, un cumul des gènes concernés
pourrait augmenter la durabilité des résistances. Il faudra
alors construire les outils pour ce cumul : marqueurs moléculaires
de la résistance de L. saligna, analyse complète du déterminisme
des résistances de L. virosa (2 à 3 gènes impliqués).
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