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Diversité génétique et stratégies de colonisation
chez deux champignons basidiomycètes ectomycorhiziens apparentés,
Tricholoma populinum et Tricholoma scalpturatum, sous peupliers noirs
Gryta Hervé, Carre Frédéric, Charcosset Jean-Yves
et Gardes Monique
Centre d'Ecologie des Systèmes Aquatiques Continentaux (UMR CNRS
5576) Université Paul Sabatier Toulouse III, 29, rue Jeanne Marvig,
31055 TOULOUSE Cedex 4
Tricholoma populinum et Tricholoma scalpturatum sont deux champignons
basidiomycètes formant des symbioses ectomycorhiziennes avec les
racines des plantes ligneuses. Ces deux espèces phylogénétiquement
proches, diffèrent cependant par leur niveau de spécificité
envers la plante-hôte : T. populinum est inféodé aux
peupliers tandis que T. scalpturatum présente un spectre d'hôtes
très large. Ces deux espèces peuvent se rencontrer ensemble,
sous peupliers noirs (Populus nigra), dans des environnements très
variés quant aux perturbations qu'ils subissent. Dans ce travail,
nous examinons dans quelle mesure les différences de spécificité
d'hôtes et les contraintes environnementales peuvent se traduire
par des différences au niveau des caractéristiques des populations
de ces deux espèces.
Nous comparons les structures de populations et les stratégies
de colonisation de ces deux espèces fongiques dans deux sites :
une peupleraie noire naturelle en bordure de Garonne régulièrement
soumise à des crues et une pelouse bordée de peupliers noirs,
indemne de toute perturbation. Les carpophores apparus sur les deux sites,
ont été récoltés et les génets différenciés
à l'aide de marqueurs RAPD et RFLP dans l'espaceur intergénique
(IGS) de l'ADNr nucléaire.
En zone non perturbée, seulement 2 génets regroupant chacun
de nombreux carpophores distribués sur plusieurs dizaines de m2
ont été trouvés au sein de la population de T. populinum.
Ce résultat indiquait une stratégie de colonisation de type
C, privilégiant la croissance végétative du mycélium
dans le sol pour cette espèce. Les carpophores de T. scalpturatum
se distribuaient en 12 génets, petits (représentés
par 1 ou quelques carpophores) ou plus grands (30 à 40 m2). Cette
population semblait ainsi structurée à la fois par la croissance
végétative et la reproduction sexuée selon une stratégie
mixte (r et C).
En zone perturbée, la même tendance a été mise
en évidence avec cependant une prépondérance accrue
de la reproduction sexuée pour les 2 espèces. Ainsi, la
population de T. scalpturatum était exclusivement constituée
de multiples petits génets et donnait l'image d'une population
à stratégie r fortement structurée par la reproduction
sexuée, la colonisation s'opérant uniquement par spores.
Chez T. populinum, un génet, parmi 7 identifiés, présentait
une croissance végétative importante tandis que les autres
apparaissaient petits. Ce résultat indiquait une population à
stratégie mixte (r et C) pour cette espèce sur ce site perturbé.
La caractérisation des carpophores a donc révélé,
quelque soit le site, une diversité génétique beaucoup
plus élevée, des génets moins pérennes et
un mode de colonisation par reproduction sexuée plus marqué
chez T. scalpturatum, l'espèce à large spectre d'hôtes,
que chez T. populinum, l'espèce spécialiste du peuplier.
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