Session : Genomiques des Champignons
Notre équipe participe
au pilotage du projet génome de B. cinerea
et se focalise sur son analyse fonctionnelle. A l’issue du séquençage du génome,
réalisé au Genoscope, les analyses de génomique comparative et de transcriptome vont permettre d’identifier un ensemble de gènes
potentiellement impliqués dans le processus infectieux ou encodant des fonctions
cellulaires d’intérêt, et qui seront analysés par génétique inverse. Cependant,
les techniques classiques de transformation des champignons filamenteux ne
permettent pas d’obtenir plus de 20% de recombinaison homologue chez B.
cinerea ce qui rend difficile l’obtention de
mutants à un locus souhaité. Il apparaît indispensable de développer une solution
alternative permettant de réduire la fréquence d’apparition des insertions
ectopiques. Ceci permettrait également de pouvoir aller jusqu’à l’inactivation
de plusieurs gènes en simultané, et d’obtenir par exemple des doubles ou des
triples mutants en n’effectuant qu’une seule transformation. Nous nous
proposons dans cet objectif de construire une souche mutante de B. cinerea qui serait optimisée pour la
recombinaison homologue et qui servirait de souche réceptrice pour inactiver
d’autres gènes comme cela a été récemment décrit chez Neurospora crassa (Ninomiya et al., 2004) et reproduit
chez Magnaporthe grisea (MH.
Lebrun, Comm. Pers.).
Chez les eucaryotes,
les cassures double-brin de l’ADN (DSBs : DNA Double-Strand Breaks)
sont réparées par deux mécanismes principaux : la jonction précise ou
imprécise des extrémités (NHEJ : Non Homologous
End Joining) et la recombinaison
homologue (RH). Alors que la RH est majoritaire chez la levure, les deux mécanismes
sont en compétition plus étroite chez les mammifères comme chez les champignons
filamenteux. Les deux protéines KU70 et KU80, initialement identifiées chez
l’homme, forment un hétérodimère capable de se lier
aux DSBs et d’y recruter un complexe de protéines
nécessaire au NHEJ. L’inactivation des gènes homologues à Ku70 et à Ku80 chez
N. crassa a permis de supprimer
la NHEJ et d’obtenir le résultat surprenant de 100% de RH chez ces mutants.
Nous avons donc opté pour la même stratégie chez Botrytis cinerea,
et les résultats obtenus seront discutés dans ce poster.
Ninomiya Y, Suzuki K,
Ishii C, Inoue H. (2004) Highly efficient gene replacements
in Neurospora
strains deficient for
nonhomologous end-joining. Proc Natl Acad Sci