Activités élicitrice et protectrice de substances d'origine naturelle lors d'une interaction compatible blé/Blumeria graminis f. sp. tritici

 

B. Randoux (1,2), D. Renard (1), P. Reignault (1), J. Sanssené (2), E. Nowack (3), J. Courtois (4), R. Durand (1)

 

(1) Laboratoire de Mycologie-Phytopathologie-Environnement, Université du Littoral Côte d'Opale, 17 Avenue Blériot, BP 699, 62228 Calais Cedex

(2) Institut Supérieur d'Agriculture de Beauvais, rue P. Waguet, BP 30313, 60026 Beauvais Cedex

(3) Laboratoire d'Informatique et de Statistiques, Institut Supérieur d'Agriculture de Lille, 48 boulevard Vauban, 59046 Lille Cedex

(4) Laboratoire des Glucides/Laboratoire des Polysaccharides Microbiens et Végétaux, CNRS FRE 2779, Université de Picardie Jules Verne, IUT/GB, Avenue des Facultés/Le Bailly, 80025 Amiens Cedex 1

 

 

Lors d'une interaction compatible entre une plante et un agent pathogène débouchant sur l'établissement de la maladie, les réactions de défenses de la plante sont insuffisantes pour enrayer le développement du pathogène. L'utilisation de fongicides est donc nécessaire pour empêcher l'installation de l'épidémie. Mais les répercussions des fongicides sur l'environnement et les résistances qui se développent chez les pathogènes amènent à rechercher des méthodes alternatives de lutte. De nouvelles molécules d'origine naturelle sont ainsi testées pour leur capacité à induire une résistance chez la plante par le biais d'une élicitation de ses réactions de défenses.

Chez le blé, l'oïdium est dû à un champignon ascomycète biotrophe, Blumeria graminis f. sp. tritici. Ce champignon se développe sur les parties aériennes de la plante et cause des pertes importantes de rendement. Nous avons testé sur ce pathosystème le potentiel éliciteur et protecteur de différentes molécules ou substances d'origine naturelle : le chitosan, le Iodus 40® (laminarine, extrait d'algue brune), le Milsana® (extrait éthanolique de Reynoutria sachalinensis), le tréhalose et le salicylyl heptanoate (ester d'acide heptanoïque et d'acide salicylique).

Nous avons tout d'abord évalué leur effet protecteur respectif, en employant différentes méthodes de traitement.

Puis, pour rechercher un éventuel effet éliciteur, nous avons procédé à une analyse biochimique des modifications intervenant au niveau de deux voies métaboliques chez la plante : la synthèse de formes activées de l'oxygène et le métabolisme lipidique.

Lors d'une élicitation, une des premières réponses de la plante consiste en une "vague oxidative", qui correspond à la synthèse de formes activées de l'oxygène. L'activité de différentes enzymes intervenant dans cette voie métabolique a été mesurée après traitement des plantes par ces substances : activités oxalate oxydase, catalase, superoxyde dismutase, peroxydase.

Nous nous sommes également intéressés aux modifications lipidiques survenant après élicitation, en particulier à l'activité lipoxygénase et au taux de lipides peroxydés.

Ces dosages ont mis en évidence l'existence de modes d'action différents pour les substances testées. Ces différences ont été confirmées au niveau cytologique : au contact de l'agent pathogène, les plantules traitées ne réagissent pas de la même façon, ce que nous avons constaté par des observations microscopiques.

Nous présenterons nos conclusions et hypothèses quant à l'efficacité élicitrice et protectrice des diverses substances utilisées.