La pluie disperse efficacement les pycniospores de Leptosphaeria maculans, agent du phoma du colza

 

R. Travadon (1), I. Sache (2), H. Brun (1), L. Bousset (1)

 

(1) UMR BiO3P, Domaine de la Motte, BP 35327, Le Rheu Cedex

(2) UMR Epidémiologie Végétale et Ecologie des Populations, BP 01, 78850 Thiverval-Grignon

 

 

Le champignon ascomycète hétérothallique Leptosphaeria maculans est l’agent du phoma du colza, une des maladies les plus dommageables pour cette culture. L’utilisation de gènes majeurs de résistance permet de lutter efficacement contre la maladie, mais cette stratégie ne s’avère pas durable. Bien que le cycle de vie du champignon soit complètement élucidé, le rôle des cycles de reproduction secondaires dus aux spores issues de la reproduction asexuée (pycniospores) est mal documenté et limite donc nos connaissances sur les mécanismes épidémiologiques s’opposant à la durabilité des résistances. Notre objectif était de vérifier et de quantifier la dispersion par la pluie des pycniospores de L. maculans à partir de feuilles malades et la transmission par la pluie de la maladie à partir de résidus de culture porteurs de pycniospores. Nous avons travaillé en air calme avec un générateur de gouttes et un simulateur de pluie. A partir d’une feuille malade, la dispersion des pycniospores de L. maculans à l'intérieur de gouttelettes d'éclaboussures issues des gouttes incidentes (mécanisme de rain splash) a été mis en évidence. Même si 90 % de ces spores ont été collectées à moins de 12 cm de la source, une minorité d’entre elles a systématiquement été transportée jusqu'à 40 cm de la source. Les pycniospores produites sur les résidus de culture de colza ont également été dispersées par la pluie simulée et ont infecté des plantules pièges de colza, simulant la transmission de la maladie entre deux cycles successifs de culture. Une gouttelette d'éclaboussure contenant des spores constitue une unité infectieuse de dissémination de la maladie de telle sorte que la dispersion spatiale de la maladie correspond à la dispersion spatiale des pycniospores. Lors de l'introduction au champ d'un nouveau gène majeur de résistance, la dissémination par rain splash d'individus virulents de type sexuel opposé présents à faible densité et initialement distants les uns des autres peut permettre à ces individus de se rencontrer sur une même plante ; à l’issue de cette rencontre, la reproduction sexuée pourrait produire des ascospores dispersées à longue distance par le vent. Ce mécanisme favoriserait l'augmentation en fréquence des individus virulents responsable du contournement des résistances.