Remise en cause du potentiel de durabilité des résistances quantitatives à Melampsora larici-populina chez le peuplier hybride interaméricain

 

A. Dowkiw (1), V. Jorge (1), P. Faivre-Rampant (2), P. Frey (3), J. Pinon (3), C. Bastien (1)
 

(1) INRA Centre d’Orléans, Unité Amélioration Génétique et Physiologie Forestières, 2163 avenue de la Pomme de Pin, BP20619 Ardon, 45166 Olivet Cedex
(2) URGV, 2 rue Gaston Crémieux, CP 5708, 91057 Evry Cedex
(3) INRA Centre de Nancy, Unité Interactions Arbres Microorganismes, Route de l'Arboretum, 54280 Champenoux


La sélection de peupliers hybrides à résistance qualitative à la rouille foliaire à Melampsora larici-populina (Mlp) a conduit à des impasses successives. La faible diversité des cultivars plantés et le mode de culture monoclonal n’ont fait qu’ajouter à l’intense pression de sélection qu’exerce ce type de résistance sur les populations pathogènes. Tendant vers un objectif de durabilité, les améliorateurs se tournent désormais vers la résistance quantitative, supposée plus durable. Cependant, l’étude de ce caractère dans plusieurs pedigrees hybrides interaméricains (Populus deltoides x P.trichocarpa) vis-à-vis d’une palette de souches de Mlp, en conditions contrôlées de laboratoire et en pépinière, nous permet de remettre en cause plusieurs fondements de cette hypothèse de durabilité. Ainsi, il apparaît fréquemment que les déterminismes génétiques des résistances qualitatives et quantitatives ne sont pas statistiquement indépendants. Deux phénomènes peuvent expliquer cette observation : un effet pléiotropique (dit « résiduel ») des gènes de résistance qualitative contournés, ou une simple liaison génétique au sein de clusters. D’autre part, la cartographie de QTL contredit l’hypothèse généralement admise d’un déterminisme polygénique de ce type de résistance. Deux QTL majeurs ont été identifiés. L’un d’eux, RUS, peut réduire de 60% le niveau de sporulation en laboratoire et a un effet significatif en pépinière, mais nous avons déjà identifié une souche pathogène capable de le contourner. Un criblage de populations naturelles de Mlp sur hôtes discriminants RUS/rUS doit permettre d’identifier d’autres souches de ce type. Le clonage positionnel de RUS est en cours. Les pré-requis (banque BAC du géniteur P. trichocarpa porteur de RUS, cartographie fine et alignement avec la séquence du génome de P. trichocarpa) sont en cours d’acquisition et permettent déjà d’identifier des gènes candidats.