Voies de recolonisations de la truffe noire du Périgord (Tuber melanosporum Vittad.) après la dernière glaciation

C. Murat(1,2), J. Diez(2), A. Mello(3), G. Chevalier(4), P. Bonfante(2,3) and F. Martin(2)
(1) Dipartimento Biologia Vegetale, Viale Mattioli 20, 10125 Torino, Italie
(2) UMR INRA/UHP 1136 "Interactions Arbres/Micro-organismes", Centre INRA de Nancy, 54280 Champenoux, France
(3) CNR-IPP, Viale Mattioli 20, 10125 Torino, Italie
(4) INRA, Unité de Mycologie, Site de Crouelle, 63039 Clermont-Ferrand cedex 2, France

Les glaciations et les migrations post-glaciaires sont parmi les principaux facteurs qui ont influencé la phylogéographie des plantes européennes. Pour les symbiontes, comme les champignons ectomycorhiziens, la recolonisation n'a pu avoir lieu qu'en accompagnant la plante-hôte. Nous avons testé cette hypothèse en analysant la variation génétique entre les populations européennes du champignon ascomycète ectomycorrhizien Tuber melanosporum (Vittad.). Les relations phylogeographiques de cette espèce de truffe ont été analysées par le séquençage de l'ITS (" Internal Transcribed Spacers ") de l'ADN ribosomal pour 148 ascocarpes récoltés sous chêne dans des truffières naturelles couvrant la zone de production en France, ainsi qu'en Italie et en Espagne. Dix haplotypes ont été identifiés, leur distribution a été analysée et traitée par AMOVA (" Molecular Variance ") et NCA (" Nested Clade Analysis "). Les valeurs de Fst montrent une forte différentiation génétique entre les 17 populations échantillonnées. La NCA révèle une association entre les haplotypes et les régions géographiques, une ancienne fragmentation en deux groupes de populations de part et d'autre du Massif Central, suivie d'une isolation génétique entre les populations. Nous en concluons que T. melanosporum aurait recolonisé la France, à partir d'une population située dans la péninsule Italienne, par deux voies principales : une à l'ouest du Massif Central (via le Périgord et le Quercy) et une autre à l'Est (le long de la vallée du Rhône). Ce mode de recolonisation correspond à celui décrit pour les Chênes, qui sont les principaux hôtes de la truffe noire du Périgord. Nous proposons donc que la recolonisation de la France par T. melanosporum ait été dictée par l'expansion de son hôte, le Chêne.
La même approche a été utilisée pour étudier la structure génétique de T. magnatum Pico, une autre espèce de truffe limité à l'Italie et aux pays de l'ex-Yougoslavie comme la Croatie. Les premiers résultats ont permis d'identifier trois haplotypes de l'ITS et trois haplotypes pour une " sequence-characterized amplified region " (SCAR). La distribution de ces haplotypes dans les populations échantillonnées ainsi que le calcule des Fst montrent une importante différentiation génétique.
En conclusion, T. melanosporum et T. magnatum, les deux truffes ayant la plus forte valeur économique, présentent des haplotypes limités à une population. Cette caractéristique permet d'envisager la mise au point d'outils de certification.










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