Diversité génétique de sept populations de Septoria musiva, agent responsable de la tache foliaire et du chancre chez les peupliers hybrides

N. Feau(1), G.R. Stanosz(2), R.C. Hamelin(3), L. Bernier(1)
(1) Centre de Recherche en Biologie Forestière, Université Laval, Sainte-Foy (QC), Canada, G1K 7P4
(2) Department of Plant Pathology, University of Wisconsin-Madison, 1630 Linden Drive Madison, Wisconsin, USA, 53706
(3) Service Canadien des Forêts, Centre de Foresterie des Laurentides, 1055 chemin du P.E.P.S, Sainte-Foy (QC), Canada, G1V 4C7

La tache foliaire et le chancre causés par l'ascomycète Septoria musiva Peck. [téléomorphe = Mycosphaerella populorum Thompson] constituent la maladie des peupliers hybrides la plus dommageable dans l'est et le centre de l'Amérique du nord. Ce champignon est endémique dans les populations naturelles de Populus deltoides mais peut dévaster des plantations entières de clones hybrides sensibles.
La compréhension de l'évolution et de la structure des populations de S. musiva est nécessaire pour développer des stratégies de contrôle de la maladie et conduire à une utilisation efficace des résistances disponibles chez les peupliers hybrides. La structure de sept populations géographiquement distinctes, échantillonnées durant les étés 2001 et 2002 sur l'aire de répartition du S. musiva, à partir de taches foliaires ou de chancres, a pu être étudiée par l'intermédiaire de marqueurs RAPD. Parmi ces sept populations, cinq ont pu être récoltées sous forme de doublets. Chaque doublet se décompose en un échantillonnage dans une plantation sur un clone hôte hybride et en un échantillonnage sur des P. deltoides sauvages adjacents à la plantation. L'ADN génomique des 352 isolats échantillonnés, a été amplifié avec 6 amorces oligonucléotidiques, permettant de révéler un total de 21 loci polymorphes et reproductibles. Nous avons ainsi pu caractériser puis différencier les populations étudiées par l'intermédiaire de leur structure haplotypique et génétique.
La forte différenciation observée entre les populations provenant des différentes régions contrastant avec des différenciations plus modérées observées entre populations d'une même région traduisent un potentiel de dissémination limité chez ce champignon. En outre, quelle que soit leur origine géographique, une structure génétique similaire a pu être observée au sein des doublets hybride-P.deltoides. L'hypothèse de l'existence de la reproduction sexuée a pu être vérifiée par une analyse de liaison effectuée dans chaque population entre les 21 loci étudiés. La forte diversité en haplotypes couplée à l'observation d'un faible pourcentage de loci liés suite à la suppression dans chaque population des individus clonaux montrent que, bien que le stade sexué du S. musiva demeure difficilement observable, la sexualité intervient chez cet agent pathogène. Globalement, ces résultats ont permis de révéler la présence d'unités épidémiologiques régionales au sein desquelles intervient la reproduction sexuée suivie de phases de clonalité en cours d'épidémie.









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