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Biodiversité, dynamique temporelle et résistance aux fongicides
de l'oïdium de la vigne
M.-F. Corio-Costet, S. Richart-Cervera, F. Delmotte, L. Douence,
J. Bouscaut, L. Amrani et J. Jolivet
UMR en Santé Végétale, INRA-Bordeaux, BP 81, 33883
Villenave d'Ornon
L'Oïdium de la vigne (Erysiphe necator), en dépit de son
ancienneté demeure une maladie mal connue dont la maîtrise
épidémique conduit à de nombreux traitements phytosanitaires
exerçant une pression de sélection sur les populations de
l'agent pathogène.E. necator (ascomycète) possède
deux formes de conservation hivernale qui se caractérisent soit
par une phase asexuée dans les bourgeons dormants soit par une
phase de reproduction sexuée via des cleistothèces. Nos
études antérieures réalisées à l'aide
d'outils RAPD ont révélé l'existence dans les vignobles
français d'au moins deux biotypes d'oïdium de la vigne (1,2)
nommés biotype I (souches généralement issues de
conservation hivernale asexuée) et biotype III (souches issues
de projection d'ascospores). Il semble que les pressions environnementales
(traitements fongicides, techniques culturales) sur ces deux populations
aient favorisé l'émergence de souches résistantes
aux fongicides inhibiteurs de la biosynthèse des stérols.
Afin d'obtenir confirmation de l'existence des deux biotypes et mettre
au point une méthode pour analyser les populations d'oïdium
de la vigne, deux études ont été réalisées
à l'aide de marqueurs AFLP (Amplified Fragment Lenght Polymorphism
(3)) :
- La première sur 60 isolats identifiés comme appartenant
à l'un ou l'autre des biotypes
- Une seconde sur 150 isolats prélevés dans deux vignobles
bordelais collectés en 1999.
Les AFLP ont été produits sur la base d'une double digestion
par MseI et EcoR1 et des amplifications spécifiques au moyen d'amorces
présentant 2 ou 3 nucléotides sélectifs. 80 marqueurs
(bandes majeures) ont été utilisés dont 70% sont
polymorphes. Les fréquences des marqueurs AFLP et des indices de
diversité ont été établis au sein des populations.
Différents dendrogrammes (UPGMA, Neigbor joining) ont été
réalisés qui confirment l'existence de deux populations
génétiquement distinctes correspondant aux isolats de biotype
I et III. Les fréquences allèliques d'une quinzaine de loci
AFLP sont significativement différentes au sein des deux populations.
Deux marqueurs semblent corrélés avec le mating-type. En
complément, l'efficacité de fongicides a été
testée sur différents isolats appartenant aux deux biotypes
et révèle une moindre sensibilité des souches de
biotypes III aux molécules phytosanitaires.
L'utilisation de ce polymorphisme est discutée tant pour décrire
la structure génétique des populations que pour formuler
et renforcer des hypothèses concernant le régime de reproduction
des différentes populations étudiées, ainsi que leur
évolution face aux pressions fongides.
(1) Délye C., Laigret F., Corio-Costet M-F, 1997, Phytopathol.,
87: 670-677
(2) Délye C., Ronchi V; Laigret F. Corio-Costet M.F., 1999, Appl.
Envir. Microbiol.65: 3950-3954.
(3) Vos P., Hogers R., Bleeker M., Reijans M., Van de lee T, Howes M.,
Frijters A., Pot J., Peleman J., Kupier M., Zabeau M., 1995, Nucl. Acid.
Res., 19: 861-866.
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