Systèmes de culture et production de mycotoxines fusariennes chez le blé

A. Champeil, J.F. Fourbet et T. Doré
UMR d'Agronomie INRA/INA P-G, Centre INRA Versailles - Grignon, 78850 Thiverval - Grignon, France

Les mycotoxines fusariennes sont d'abord considérées comme des toxines produites au champ, avant la récolte, contrairement aux toxines dites " de stockage ". Le contrôle de la contamination des lots de céréales par ce type de toxine passe donc avant tout par une modification des pratiques des agriculteurs (intégrant le choix variétal). La problématique de l'effet des systèmes de culture sur la contamination des grains par les toxines est complexe. En effet une chaîne causale qui lierait de manière univoque et strictement consécutive les pratiques agricoles aux attaques par la fusariose, puis ces dernières à la production de toxines, n'est certainement pas le modèle unique qu'il faut utiliser pour comprendre le phénomène de la contamination par les toxines, dans un but de le maîtriser. Dans la littérature l'effet du climat sur la fusariose est en partie documenté mais les interactions avec les effets des pratiques agricoles ne sont pratiquement pas abordées ; les effets des pratiques agricoles sont en partie connus (effets combinés du travail du sol et de la nature de la culture précédente, sensibilité variétale), en partie contradictoires (effet de l'alimentation minérale en particulier). Cependant, ces effets sont toujours analysés sans référence au champignon présent, alors que l'on sait depuis longtemps que la fusariose de l'épi est un complexe d'espèces, dont certaines seulement peuvent être toxinogènes. Par ailleurs, la relation entre la présence du champignon et la production de toxines a été essentiellement étudiée en conditions contrôlées. Ces études montrent (i) le polymorphisme de certaines espèces de Fusarium pour la production de certaines toxines, (ii) l'importance des conditions environnementales dans la production effective de toxines par les souches. Cependant, il n'existe pas de travaux permettant d'appréhender la réalité de ces phénomènes en conditions agricoles. De fait, les références disponibles dans lesquelles on a relié les niveaux d'attaque par la maladie et les niveaux de contamination par les toxines aux pratiques agricoles montrent (i) en cas de fortes attaques de fusariose, de bonnes corrélations entre pratiques, maladie, et taux de toxines, (ii) en cas d'attaque moindre ou d'absence d'attaque, des résultats non organisés autour de relations stables. L'ensemble de ces constats amène à reconsidérer le problème, en posant deux nouvelles questions. La première est celle de l'effet des pratiques agricoles sur la nature des espèces et souches de Fusarium présentes sur les grains de blé récoltés ; la seconde est celle des modifications par les pratiques agricoles des conditions environnementales au niveau du grain associées à la production effective de toxines.











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