D. Coste(1), G.-G. Rivas(2), M.-F. Zapater(1), C. Abadie(1,3), F. Bonnot(4), J. Carlier(1)
(1) UMR 385 Biologie et Génétique des interactions Plante-Parasite, CIRAD, TA 40/02, avenue d'Agropolis, 34398 Montpellier
(2) Area de Agricultura Ecologica, CATIE, 7170 Turrialbe, Costa Rica
(3) CARBAP, BP 832, Douala, Cameroun
(4) CIRAD-CP, TA80/03, avenue d'Agropolis, 34398, Montpellier

L'épidémie à l'échelle mondiale provoquée par le champignon Mycosphaerella fijiensis s'est développée récemment à partir du Sud Est Asiatique. Des effets de fondation, détectés à partir de la structure mondiale et continentale des populations de M. fijiensis, suggèrent une dissémination stochastique du champignon à ces échelles géographiques. Cette dissémination se ferait au travers de mouvements de matériel végétal infecté et/ou d'une dispersion limitée des ascospores sur de longues distances. Les objectifs de ce travail étaient d'appréhender les flux de gènes et les processus de dispersion de M. fijiensis dans une zone de culture par une analyse de l'isolement par la distance géographique à cette échelle. Des échantillons d'isolats de M. fijiensis ont été constitués à partir de 15 sites au Costa Rica et de 10 sites au Cameroun distribués le long de transects d'environ 300 km. Ces isolats ont été analysés avec des marqueurs moléculaires PCR-RFLP et microsatellites. Un fort isolement par la distance a été détecté dans ces deux pays suggérant une dissémination graduelle de la maladie à cette échelle par une dispersion importante des ascopores sur une courte distance. Ces résultats semblent cohérents avec ceux obtenus par une analyse du gradient de maladie. L'estimation de la distance moyenne de dispersion des ascospores est de l'ordre de quelques dizaines de mètres. Le modèle d'isolement par la distance apparaît donc applicable à un champignon phytopathogène pour estimer des paramètres démographiques.