Mesure in vitro des échanges de P dans la symbiose ectomycorhizienne

Margarita Torres-Aquino et Claude Plassard
INRA, Centre de Montpellier, 2 place Viala, 34060 Montpellier Cedex 1, UMR 388 Agro-M / INRA, Sol et Environnement

De nombreuses études indiquent que la symbiose mycorhizienne améliore la nutrition minérale de la plante hôte, notamment la nutrition P. Cette amélioration implique d'une part une meilleure efficacité de prélèvement du P du sol par le partenaire fongique et d'autre part une sécrétion du P des cellules fongiques vers les cellules de la racine. Dans les ectomycorhizes, on admet que cette sécrétion du P a lieu au niveau de l'apoplasme du réseau de Hartig car il n'y a pas de relation symplasmique entre le champignon et la plante. Du fait de leur localisation, ces échanges sont donc difficiles à étudier in planta. Nous avons donc mis au point une méthode d'étude in vitro des échanges de Pi avec le champignon ectomycorhizien Hebeloma cylindrosporum. Les mycelia, préalablement carencés ou non en Pi puis chargés en 32P, sont ensuite mis en présence d'une plante hôte, le Pin maritime, ou d'une plante non -hôte, le Maïs, dans un milieu d'interaction ne comportant pas de Pi et tamponné à pH 5,5. La répartition du 32P dans la solution, la plante et le mycelium est ensuite suivie en fonction du temps d'incubation.
Les premiers résultats obtenus indiquent que sur la période 0-6h, le Maïs double les efflux de 32P du champignon vers le milieu d'interaction, que les mycelia soient carencés ou non en phosphate alors que le Pin maritime les modifie peu par rapport aux valeurs obtenues sur les mycelia seuls. Sur la période 6-24h, les mycelia préalablement carencés en P ré-absorbent 2%, 56% et 22% du 32P de la solution lorsqu'ils ont incubés seuls, en présence du maïs et du Pin, respectivement. Les mycelias non carencés en Pi ré-absorbent 11% et 71% du 32P lorsqu'ils sont incubés seuls ou en présence de Maïs, respectivement. La présence du Pin maritime maintient un léger efflux de 32P des cellules fongiques vers la solution. Ces résultats suggèrent que le Pin maritime, plante-hôte, serait capable d'empêcher la réabsorption de Pi par les cellules fongiques contrairement à une plante non hôte comme le Maïs. L'objectif est maintenant d'analyser la nature des composés excrétés dans le milieu (sucres, composés P, ....) par les deux types de plantes afin d'identifier les molécules impliquées dans les échanges de Pi entre les deux partenaires de la symbiose.



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