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Détection, répartition spatio-temporelle et phénotype
des deux sous-populations de Botrytis cinerea (transposa, vacuma) dans
le vignoble bordelais.
Fabian Martinez, Marc Fermaud, Pascal Lecomte, Bernadette Dubos
Unité Mixte de Recherches en Santé Végétale
INRA-ENITAB, BP 81, 33883 Villenave d'Ornon cedex, France
La Pourriture grise, due à Botrytis cinerea, est actuellement
considérée par les viticulteurs comme une maladie mal maîtrisée
et extrêmement préjudiciable à la quantité
et à la qualité de la vendange. Nos études montrent
que l'évolution de la maladie sur les baies en fin de saison n'est
corrélée à aucune quantification de l'inoculum ou
de l'expression des symptômes dans les phases épidémiques
précoces (avant la véraison, stade d'acquisition de la réceptivité
des baies). L'existence de deux sous-populations sympatriques de B. cinerea
(vacuma et transposa), mises en évidence en Champagne, pourrait
expliquer ce phénomène. Cependant, d'éventuelles
différences phénotypiques ou dans la capacité adaptative
des souches des deux sous-populations n'avaient pas encore été
décrites.
Dans un premier temps, nous avons développé un test PCR
permettant de distinguer les deux sous-populations. Il a été
validé avec des souches préalablement caractérisées
par dot blot par l'équipe d'Y. BRYGOO. Ainsi, nous avons étudié
la structure génétique des populations en 2000 dans le vignoble
bordelais sur environ 400 souches monospores. Elle s'avère très
dépendante du stade phénologique, de l'organe hôte
et du site de prélèvement (3 parcelles étudiées).
Il apparaît, comme en Champagne, une évolution rapide de
la répartition des deux sous-populations au cours de la saison,
avec une forte présence de B. vacuma avant la véraison et
sa quasi-disparition à la vendange. L'effet de l'organe hôte
est également significatif : deux fois plus de B. vacuma sont détectées
sur les inflorescences et sur les feuilles par rapport aux baies.
En parallèle, les deux sous-populations ont été comparées
par une étude de la croissance mycélienne sur milieux synthétiques
et de la pathogénie sur deux plantes hôtes (Tabac et Vigne).
Elle nous a conduit à émettre l'hypothèse d'une population
B. vacuma mieux adaptée au saprophytisme. Aussi, ces souches présenteraient
une aptitude particulière à la colonisation des inflorescences
de la vigne, en particulier des pièces florales sénescentes.
Les fortes différences observées dans l'évolution
temporelle du ratio des deux sous-populations de B. cinerea pourraient
expliquer l'absence de relations entre les phases épidémiques
précoces et tardives (avant et après la véraison).
L'impact de l'infection des pièces florales par B. transposa sur
le développement épidémique ultérieur de la
maladie reste cependant à préciser. L'estimation de la fréquence
relative des deux sous-populations à la floraison pourrait alors
s'avérer un paramètre épidémiologique déterminant.
Notre objectif à long terme est de proposer un outil de prévision
du risque de Pourriture grise à la vendange qui intègre
de tels indicateurs populationnels en tenant compte, également,
de l'évolution du potentiel réceptif de la baie au cours
de la saison et des caractéristiques climatiques qui président
au développement épidémique explosif en fin de saison.
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