Importance du potentiel d'inoculum d'Armillaria gallica dans le dépérissement du chêne

Marçais Benoît
INRA Centre de Nancy, 54 280 Champenoux

Les armillaires sont fréquemment trouvés sur les chênes dépérissants. Ce sont les seuls parasites racinaires couramment présents dans les situations de dépérissements sur stations hydromorphes acides qui sont très fréquentes et où Phytophthora et Collybia fusipes sont généralement absents. Sur chênes, ces parasites principalement A. gallica et A. mellea, se comportent en parasite secondaire ne s'attaquant qu'à des arbres affaiblis. A. gallica, qui est le parasite le plus fréquent, intervient assez tardivement dans la mort de l'arbre et l'importance de son rôle dans le dépérissement est controversée. En forêt, A. gallica est présent de façon constante sur tous les chênes, qu'ils soient dépérissants ou en pleine forme, sous forme de rhizomorphes ectotrophes sur le collet. Ces rhizomorphes ectotrophes sont des cordons noirs qui sont situés sur l'écorce des racines et tentent en permanence d'envahir l'arbre. Les données bibliographiques indiquent que le potentiel d'inoculum serait important dans le processus infectieux. Se pose la question de la nuisibilité de cet armillaire : est-ce que des arbres ayant au pied un potentiel d'inoculum du parasite différent réagissent différemment après un stress ?
La première étape de travail a été une mise au point de la mesure du potentiel d'inoculum sur arbres adultes. Nous avons cartographié l'inoculum d'Armillaire dans une jeune chênaie pédonculée d'une vingtaine d'années. Le degré de colonisation par l'armillaire des souches et l'abondance de rhizomorphes ectotrophes sur le collet des jeunes chênes ont été déterminé. La quantité de rhizomorphes sur le collet des arbres est extrêmement variable dans la placette, variant de d'un poids sec de 1 à 10 mg/cm². Elle est fortement liée à la quantité de bois mort colonisé par l'armillaire à proximité de l'arbre. Une méthode peu perturbatrice a été mise au point pour l'évaluer. Soixante-quinze jeunes chênes d'une vingtaine d'années confrontés à des quantités de rhizomorphes ectotrophes de A. gallica contrastés ont été sélectionnés dans la parcelle précédemment étudiée au printemps 2000. La moitié de ceux confrontés à un fort potentiel d'inoculum d'A. gallica a été traitée au bore pour réduire la viabilité des rhizomorphes. Soixante des chênes ont été soumis à une défoliation artificielle totale en 2000 et en 2001 et leur capacité à contenir les attaques naturelles d'armillaire a été suivie. Après deux années de défoliation, la détérioration du houppier et le taux de mortalité sont significativement plus fort pour les arbres soumis à un fort potentiel d'inoculum d'armillaire. Le traitement au bore permet de limiter la détérioration du houppier et de réduire le taux de mortalité. Les résultats suggèrent que A. gallica joue un rôle notable dans le dépérissement du chêne.



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