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Structuration des populations du champignon du sol Gaeumannomyces
graminis var tritici au cours du déclin du piétin-échaudage
du blé.
Lebreton Lionel, Dugas Françoise, Lucas Philippe et Sarniguet
Alain
UMR INRA/ENSAR Biologie des Organismes et des Populations appliquée
à la Protection des Plantes, BP 35327, 35653 Le Rheu cedex
Le piétin-échaudage est la principale maladie racinaire
du blé. Elle est causée par le champignon du sol, Gaeumannomyces
graminis var. tritici (Ggt), qui peut occasionner des pertes de rendement
importantes. Des pratiques culturales adaptées (Lucas & Sarniguet
a, 1990) et l'emploi de fongicides (Schoeny et al., 1999 b), récemment
apparus sur le marché, permettent de sensiblement réduire
les effets de la maladie. Mais les résultats obtenus restent d'efficacité
partielle, ce qui amène à rechercher d'autres méthodes
de lutte en explorant les relations existant entre les différentes
composantes de la rhizosphère.
En condition de monoculture de blé, la gravité du piétin-échaudage
augmente les premières années et diminue ensuite. Ce phénomène
naturel, appelé déclin, est lié à l'installation
et à l'activité dans les sols d'une microflore antagoniste
(Sarniguet et al., 1992 c). Une autre hypothèse de mécanisme
conduisant au déclin, liée à une modification des
populations de l'agent pathogène au cours des cycles de culture,
a été peu explorée. L'objectif de ce travail est
donc de suivre l'évolution des populations de Ggt au cours du déclin
de la maladie à une échelle parcellaire. Ce suivi a été
réalisé sur le site de La Gruche, Pacé (35) en 2000.
Le dispositif expérimental, témoignant clairement de l'installation
du déclin, était composé de 4 parcelles cultivées
en blé depuis 1, 3, 4, 6 années consécutives. 120
isolats de Ggt ont été prélevés sur racines
de plantes issues de foyers de maladie repérés dans ces
parcelles au stade début montaison (GS 39). La diversité
de ces populations a ensuite été mesurées par l'utilisation
de marqueurs phénotypiques et génotypiques. Des tests d'agressivité
sur cultivar sensible (cv Talent) ont été réalisés.
Des marqueurs polymorphes ont été recherchés par
les techniques de REP-PCR, RAPD et AFLP. Une relation entre l'évolution
de la structuration des populations de Ggt et l'évolution de la
maladie a été établie. L'augmentation du niveau de
maladie de la Ière à la IVème année consécutive
de culture de blé s'accompagne de la sélection de génotypes
agressifs qui deviennent majoritaires dans les populations de Ggt. La
réduction de maladie observée de la IVème à
la VIème année s'accompagne en VIème paille d'un
retour à une structure de population proche de celle décrite
en Ière année. Les populations de Ggt sont donc soumises
à des pressions de sélection au cours du déclin de
la maladie. Différentes hypothèses sont évoquées
qui reste à vérifier, comme le rôle des bactéries
antagonistes impliquées dans le déclin ou/et le rôle
de la plante hôte dans l'évolution des populations de Ggt.
a Lucas and Sarniguet, 1990. Symbiosis 9 : 51-57.
b Schoeny et al., 1999. Phytopathology 89 : 954-961.
c Sarniguet et al., 1992. Plant and Soil 145 : 11-15.
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